Les pieds nickelés dans le Rif ( 2 )

Publié le par jonzeroad

   Retrouvailles à Algesiras et traversée vers Ceuta.

Ils marchent. On leur dit que la frontière est fermée aux hippies mais que pour 5000 pesetas, on peut les guider par un petit sentier à travers la colline jusqu'au Maroc.

Ils franchissent le poste officiel sans problème  et montent dans un bus pour Tetouan.

Nos pieds nickelés prennent un hôtel minable et attrapent des poux.

Grok se fait raser la tête, adieu les longs cheveux bouclés qui plaisaient tant aux copines.

Ils rencontrent des musiciens traditionnels, joueurs de bongo, derbouka, guembri.

Ils sont invités dans une piaule sordide, on leur propose après quelques joints et sebsi d'acheter du majoun.

Ah oui,  ils kiffent le Rif, ils sont venus pour ça, la défonce, pour épater les potes.

Ils repartent contents avec des gâteaux brunâtres. Dans la chambre, ils dévorent maintes  portions sans aucun effet.

Riri hurle qu'ils se sont fait avoir, sûrement un mélange de semoule, sucre et henné.

200 dh envolés, le budget en prend un coup.

Le lendemain, il veut se refaire, il croise un changeur qui propose un taux double .

Ils lui remettent 1000 francs, il part avec Filou au rendez-vous à la gare routière.

Riri est le roi des affaires, il examine en expert la liasse de dirhams, le changeur compte les francs, nouveau tour de passe-passe pour ultime vérification et enfin, les liasses changent de main.

Riri et Filou, fiers de l'opération, rejoignent Grok et partent se payer un tajine d'agneau aux pruneaux.

Riri sort la liasse et miracle, apparaissent un billet de 10 dh dessus, un autre dessous entourant un millefeuille de papiers journaux découpés.

L'affaire avait fait long feu. Ils étaient fauchés; alors ils achètent au souk des bulbes de vulgum opium. Ils le revendent à de jeunes gogos naïfs  sans leur préciser qu'il s'agit d'une variété inopérante de plante de jardin.

Au camping de Chechauen, Grok se fait piquer les baskets, le lendemain pieds nus sur l'asphalte brûlant, il marche jusqu'à la medina et achète des babouche jaune d'or.

L'éléctricité solaire, comment ça marche ? c'est simple, ça donne vite de belles ampoules qui éclatent et saignent, suggérant le drapeau espagnol.

Ils marchandent des tuniques et des moumoutes typiques, berbères, aucun paysan n'en arbore, seuls les touristes, les hippiz en portent.

Les voyages forment la jeunesse, ki disait l'autre.

La crédulité aussi.

Sur la plage de Martil  :

  " Soyez les bienvenus, dormez sans crainte les jeunes, la police veille sur vous et sur tout le monde, vous voulez du kif ? "

Publié dans Old and new dreams

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