Les pieds nickelés voyagent ( 1 )

   1971, un trio de copains s' élance vers l'aventure.

Filou l'efflanqué prépare le CAP de céramiste, Riri barbu le CAP de tourneur-fraiseur, Grok le grassouillet est lycéen, tous âgés de 18 ans.

Ils quittent le béton, la cité est envieuse, ils devront raconter au retour leurs mille et une péripéties aux potes.

Les joies de l'autostop sur les routes de France et d' Espagne sont nombreuses, ils lèvent le pouce en duo, Filou en solo et se retrouvent de ville en ville.

 Au passage des voitures, fusent parfois des crachats sur la tronche ou arrêt...attente...ils courent plein d'espoir, l'auto repart à tout brindezingue, un doigt d'honneur brandi hors de la portière, accompagné d'insultes délicates :

  " Hippiz crasseux, feignant, va te laver et coupe toi les cheveux " .

Ou un vieux pervers qui aime la chair juvénile, caresse les cuisses de Grok, ils décampent .

 Ils dorment à la belle étoile sur les pelouses, près des stations-service, dans les conduites d'eau, dans les toilettes des gares, quittent une pension à la cloche de bois ou les restos,  poursuivis par le serveur. Ils adorent la resquille.

Une nuit pluvieuse, ils s'approchent  d'un presbytère et demandent l' hospitalité à un vieux curé :

 " foutez moi le camp, païens, chenapans, sales hippiz ".

Les voix du ciel ne sont pas clémentes.

 Filou conte sa bonne fortune, il est le prince de la gratte et du crochetage de serrure.

Ni une, ni deux, en trente secondes, il ouvre toutes les portes et s'offre des  nuits douillettes dans les lits inconnus de maisons de vacances. Il commençait à cocotter, une conductrice généreuse et grâcieuse l'invite chez elle à prendre la douche et partager sa couche, elle était tombée sous le charme de son catogan et apprécia sa fougue.