Ali aime l'aioli

Publié le par jonzeroad

  Moi, c'est Ali, de Bejaia.
Je suis arrivé à Marseille en octobre 1962, j'avais 20 ans.
Je ne savais alors ni lire ni écrire, pas plus l'arabe que l'amazigh ou le français.

Un cousin m'a hébergé dans sa cabane du bidonville de Mourepiane.
Puis j'ai commencé à chercher du travail : manutentionnaire, je portais les cageots de fruits et de légumes, manoeuvre, les sacs de sable et de ciment.

Mon cousin est mort deux semaines plus tard, j'ai quitté le bidonville et erré dans la ville;
ma vie, c'était de petits meublés miteux de Belzunce où on s'entassait à plusieurs, des boulots mal payés, des bars glauques, des amours tarifés.

 La nuit de Noël, ivre, je titubai et glissai dans la neige épaisse.
Je m'écroulai, complétement givré. Un passant me vit allongé, me secoua, me releva et me recueillit chez lui.
Louis, le cafetier, avait le coeur sur la main; peut-être aussi, la solitude lui pesait.
Il m'avait sauvé la vie. Deux jours après, je suis parti dans la région lyonnaise et trouvai du turbin:bâtiment,centrale nucléaire...

Je n'oublierai jamais mon sauveur et  boirai souvent du pastis.
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